24.2.08

La Sécurité sociale pourra-t-elle survivre à la concurrence ?

Je parle ici non pas de la Sécurité sociale au sens général (comme fonction de prise en charge des risques sociaux par mutualisation des risques, qui existait bien avant les aberrations françaises de 1945), mais comme l'appelle Georges Lane de l'OSSO française, "organisation de la sécurité sociale obligatoire", contre laquelle lutte le "Bataillon Unitaire Carrément Contre l'Obligation" (BUCCO).

La réponse à la question pourrait être la suivante (La Sécurité sociale et comment s'en sortir, de Georges Lane, pages 531, 532) :
Si, comme certains l'affirment, la Sécurité sociale (OSSO) a une efficacité, rétablir la liberté ou la concurrence en matière d'assurance du risque social ne devrait pas la mettre en défaut. Il ne peut que la conforter dans sa position. Rien ne sera changé, si ce n'est qu'elle ne sera plus assujettissante pour l'individu. En d'autres termes, celui-ci ne supportera pas de perte de propriété, de responsabilité et de liberté d'action à cause d'elle. Les apporteurs de risques sociaux seront désormais de véritables fournisseurs, et en tant qu'assurés sociaux ils seront de véritables clients qu'il faut vraiment servir au lieu de simplement le prétendre officiellement. Elle démontrera un progrès, ou, si l'on préfère cette formule, une économie de coûts.

Si, au contraire, l'attente est que l'organisation ne résistera pas à la liberté, à la concurrence, c'est qu'elle n'est pas efficace, que les assurés sociaux y supportent des charges irrémédiablement inutiles que certains gestionnaires leur imposent de plus délibérément. Il y a mensonge et gaspillage. Mais il y a aussi erreur d'anticipation : l'organisation ne résistera pas plus si la liberté n'est pas restaurée, car ces coûts nourrissent le "risque de sécurité sociale", ils épuisent le patrimoine du secteur productif.
La notion de "risque de sécurité sociale" évoquée ici est développée dans le livre. La SS, ce "monopole syndicratique verrouillé" (par opposition à la sécurité sociale spontanée libre) , "administré par des syndicalistes dispensés de suivre aucune règle claire préalable", est un facteur d'insécurité (sociale !) pour de multiples raisons, la principale est qu'elle engendre une très forte incertitude : qu'est-ce que le législateur va inventer demain ? de nouvelles franchises, des déremboursements, une augmentation des cotisations, de nouvelles contraintes ? nos retraites sont-elles garanties ? pour quel montant ? La SS pousse à vivre au jour le jour, sans se préoccuper du futur. Elle a supprimé le facteur temps : ne vous souciez pas de votre retraite, vous toucherez bien quelque chose (combien ? avec quelle certitude ? pas de réponse, on sait seulement qui paiera : les actifs du moment, s'ils n'ont pas fui) ; on vous remboursera si vous êtes malade (dans quelles conditions ? on verra, ça dépendra de la législation et des ressources du moment).

Aucun commentaire: